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La Dune aux secrets, une intrigue palpitante en zone interdite

Capbreton et Hossegor sous l’Occupation

Après avoir honoré les légendes landaises dans la trilogie romanesque du Doigt mordu, Hugo Verlomme et Valentine Karwoski nous emmènent aujourd’hui à la découverte d’un épisode méconnu, celui de Capbreton et Hossegor sous l’Occupation. Mêlant faits historiques, suspense policier, romance et humour, leur nouveau roman célèbre d’une bien jolie manière les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale.


Des écrivains devenus détectives

Lorsqu’on aborde un sujet aussi sensible que l’Occupation, il est indispensable de faire preuve de la plus grande rigueur. Aussi Hugo et Valentine, qui élaborent d’habitude leurs ouvrages au creux des vagues où ils se baignent régulièrement, ont cette fois-ci passé un temps considérable dans les archives de la région. Recoupant les informations, étudiant chaque document, ils ont méthodiquement mené une véritable enquête, rassemblant leurs données sur d’immenses tableaux tels des détectives professionnels. Notre duo de choc s’est également longuement entretenu avec des habitants de la région ayant vécu l’Occupation, et notamment avec le père d’Hugo, ou encore M. Etcheverry et M. Tison.


Plongez dans l’histoire

Saviez-vous que sous l’Occupation, Capbreton et Hossegor se trouvaient dans la zone côtière interdite, cette bande littorale de 15 km allant de Dunkerque à Hendaye ?

Créée en 1941 pour protéger la construction du titanesque Mur de l’Atlantique ordonné par Hitler, du Cercle polaire à la frontière franco-espagnole, cette zone était si strictement gardée et réglementée qu’il était apparemment encore plus difficile d’y entrer que de franchirla ligne de démarcation entre zone libre et zone occupée. Il y régnait ainsi une ambiance particulière, retranscrite pour la première fois dans l’ouvrage d’Hugo et Valentine. Ces derniers nous apprennent par exemple qu’au préventoriumde Capbreton vivaient des musiciens de l’orchestre philarmonique de Vienne, réquisitionnéset temporairement devenus soldats.Ces derniers avaient obtenu que les canonsdes bunkers de Capbreton ne soient pas utilisés afin de préserver leurs tympans; Et il n’était pas rare que la cité marine résonne des notes des plus célèbres symphonies…



Un livre grand public

Encore une fois, le texte d’Hugo et Valentine s’adresse à un large public, du lecteur occasionnel à la recherche d’une histoire passionnante au féru d’histoire locale. Hasard ou pas, Hugo et Valentine ont travaillé à la rédaction de cet ouvrage durant une période certes bien moins sombre,mais néanmoins particulière de notre histoire : celle du confinement, qui connut aussil’interdiction de l’accès aux dunes et les autorisations de déplacement. Grâce à une importanterecherche documentaire et une inspiration intacte, ils livrent ici un ouvrage particulièrement abouti, qui illustre également leur attachement profond à la côte Sud des Landes et à l’Atlantique.



EXTRAIT :

« Plus tard, lorsque les divers partenairesse furent calmés et remis de leurs folies, Franz proposa à Lucien d’aller admirer le ciel en fumantdes cigarettes. À la sortie du bunker, le contraste était frappant. Après l’espace confiné sous des tonnes de béton, ils retrouvaient l’air libre, le ressac et l’immense dôme étoilé. Lucien prit une inspiration, humant les embruns. Il était dans un drôle d’état après tant d’émotions : sa nouvelle moto,son père si déçu par lui, cette lettre effrayante, son anniversaire dans le bunker, l’alcool, les femmes aux mains des hommes, puis ces moments d’extase hors du temps, entre les bras et les cuisses deLéonie, une femme extraordinaire… Cela faisait beaucoup de choses en peu de temps pour un si jeune homme. La nuit était d’un calme surnaturel.

– Quel bel anniversaire, n’est-ce pas,

mon cher Lucien ?

Franz lui indiqua une échelle métallique scellée dans le mur :

– Suis-moi, je vais te montrer quelque chose.

Une fois sur le toit plat du bunker, ils admirèrentle paysage nocturne, la phosphorescence des vagues, l’horizon obscur qui se fondait avec l’infini, les dernières lueurs du port. Franz semblait comblé :

– C’est ma terrasse privée. Ici personne ne vient m’embêter. Allonge-toi là, tu vas voir commeon est bien.

Les deux hommes se retrouvèrent côte à côtesur le béton encore tiède, face aux étoiles.Ils fumaient et bavardaient dans cette beautémajestueuse qui se prêtait aux confidences :

– C’est presque comique, dit Franz, j’ai fait mon service militaire dans les montagnes autrichiennes avec les Gebirgsjäger, l’équivalent de vos chasseurs alpins, et voilà que je me retrouve dans l’infanterie au bord de la mer ! Heureusement vous habitez une région magnifique. Nous n’avons pas d’Océanen Autriche, tu sais. Et je commence à beaucoupaimer ça… Et puis il y a de bien jolies filles par ici,n’est-ce pas, mon cher ami ?

Lucien ne répondit pas.

– Allez, ne fais pas la carpe avec moi.

J’ai découvert un autre Lucien, tout à l’heure, quand tu étais avec Léonie. Ouh là là, je n’aurais jamais cru que tu pouvais à ce point l’envoyer au septième ciel ! Dis donc, tu caches bien ton jeu, toi. Parce queLéonie, je la connais aussi, et…

– Non ! Ça va, Franz… Je ne veux pas le savoir,répondit-il sèchement.

– Aha ! Mon Lucien a mangé du lion ! Ou de la Léonie ? Franz éclata de rire, tel un vulgaire soudard.Devant le silence de Lucien, il se tournavers lui, intrigué :

– Tu ne vas pas t’enticher d’elle, tout de même ?

– T’occupe pas de ça, Franz ! Pense plutôtà ta forme. Je trouve que tu grossis. Tu manges,tu bois, et tu ne vas même plus te baigner.Si tu continues, tu vas faire du lard !

Piqué au vif, Franz bondit sur ses pieds :

– Je suis plus en forme que toi, mon petit !

– Ah oui, mon lieutenant ?

À son tour, Lucien se leva. Il se sentait toutesles audaces. Franz était en mode compétition,ses yeux brillant dans l’obscurité :

– Allez ! Le premier arrivé à l’eau !…

Avant même d’avoir fini sa phrase, Franz dévala l’échelle en métal, tandis que Lucien le suivaitde près, poussant la témérité jusqu’à sauteravant lui. Après avoir roulé dans le sable, le jeune homme se remit sur pied pour courir vers l’Océan.Il se sentait capable de tout, l’adrénaline vibrionnait dans son système. Aujourd’hui Lucien fêtait ses 23 ans, il possédait une maison, il venait de connaître le plus bel orgasme de sa vie et il courait à en perdre haleine, dévalant la dune sans se soucier de l’obscurité, avec la furieuse envie d’arriverà l’eau avant Franz. La nuit était splendide et Lucien s’essoufflait. Au moment où il allait franchir lalisière du sable humide, il fut saisi à bras-le-corps, comme au rugby. Franz s’était lancé sur lui.Les deux hommes roulèrent sur le sable en criant, en riant et en s’insultant :

– T’es qu’un sale tricheur ! gueulait Lucien.

– Tu te prends pour un étalon ? lança Franz dansun rire dépravé. À présent ils luttaient, trempésde la tête aux pieds. Un court instant Lucien domina Franz en le maintenant au sol, mais une vaguedéferla sur eux et ils furent bousculés, submergés, puis séparés… ».

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